Au centre des Pyrénées, un bassin de 17 km² vient faire mentir les écoulements de surface. Il s’agit principalement du versant nord-est du pic d’Aneto (3444 m), point culminant des Pyrénées. La ligne A/M des écoulements de surface ne passe pas en principe au pic d’Aneto mais plus au nord sur la limite entre les provinces du Vall d’Aran (Cataluña) et de Huesca (Aragón).

C’est sans compter sur l’existence d’un gouffre karstique de 70 m de diamètre, nommé Forau de Aigualluts (également Trou du Toro) à 2074 m d’altitude, qui collecte les eaux qui s’écoulent entre le glacier d’Aneto et l’arête qui surplombe le Vall d’Aran.

Le célèbre spéléologue français Norbert Casteret a montré en 1931 que les eaux de l’Aneto empruntaient un cheminement souterrain naturel pour ressortir, côté Vall d’Aran, au Guelh de Joéu (Oeil de Jupiter) à 1658 m d’altitude en alimentant une des sources de la Garonne.
Ce versant nord de l’Aneto n’est pas un bassin endoréïque au sens des bassins (parfois immenses) qui ne s’écoulent nulle part parce que l’eau s’y évapore ou s’infiltre et n’a donc pas pû creuser par érosion un lit d’écoulement de surface. A l’Aneto, il s’agit d’une perte qui au lieu de réapparaître, comme souvent, un peu plus bas sur le même bassin versant, se trouve être détournée du bassin de l’Ebro vers celui de la Garonne par le hasard des cheminements karstiques.
Peut-on appeler ce bassin qui échappe à la méditerranée, un bassin endoréique ou, s’agit-il de toute autre chose ?
Jean.